Aperçu de l’Histoire de la famille Beauffort

La famille de Beauffort est une ancienne famille subsistante de la noblesse française et de la noblesse belge, d’extraction féodale, originaire d’Artois, établie en Belgique en 1804 et admise au XIXe siècle dans la noblesse belge.
La forme latinisée Bellofordium reflète probablement un composé romano-germanique, basé sur les éléments gallo-roman bellu, bel, et germanique ford, gué. Le mot signifierait donc « beau gué », c’est-à-dire « gué propice ».
Attestée au Moyen Âge sous les formes latinisées Bellofordium, Belloforte, Belloforti, elle doit son nom à une antique forteresse en Artois, près de Bapaume, citée en 1290, dont on voyait encore naguère le dernier vestige, une grosse tour ronde en pierre blanche. C’était la demeure d’une puissante famille qui a joui d’une grande influence dans les affaires de l’Artois aux XIVe et XVe siècles

Hôtel Beauffort à Arras

L’adoption du double f dans le nom remonte au 12° siècle

Apres une dispute autour du droit à porter le nom et les armes, Jeanne de Beaufort, fille et seule enfant de Bouchard de Beaufort, époux de Guy de Thouars, obtient vers 1125, l’autorisation de relever le nom. Pour se différencier du reste de la famille, le couple adoptera le redoublement du F. La famille Beauffort est née.
Elle sera composée de plusieurs branches qui toutes offriront des services militaires nombreux, notamment parmi les chevaliers de Malte, de Rhodes et de Saint Jean de Calatrava. Elle a fourni des capitaines des gardes de l’empereur Charles IV de Luxembourg et du roi d’Espagne Philippe IV, ainsi que des chambellans de l’empereur Charles Quint, des rois de France et de la maison de Valois-Bourgogne.
Des croisades, aux guerres de religions et jusqu’à la guerre de 1870, les Beauffort s’illustreront sur les champs de bataille.
Les seigneurs de Beauffort, suivant les vicissitudes du sol patrial, ont donc servi successivement les Rois de France, les Comtes d’Artois, les Comtes de Flandres, devenus Comtes d’Artois, les ducs de Bourgogne, les Rois d’Espagne. Quelques années après la Paix de Nimègue, signée en 1678, et qui arrachait l’Artois aux Pays Bas, un certain nombre de membres de cette Maison prirent du service sous les rois de France Louis XIV, Louis XV et Louis XVI.
Une marque illustre de reconnaissance royale fut le mariage de Charles Louis, Marquis de Beauffort qui épousa Honorine-Léopoldine Comtesse de Merode, en 1781 en la chapelle du château de Versailles, en présence du Roi Louis XVI.

Le Marquis était à cette époque Capitaine de la Compagnie des Gardes à Versailles et habitait dans un appartement du château.

Charles Louis de Beauffort

Château du Caurroy

On peut également mentionner le fait que le 3° Marquis de Beauffort, deux fois maire d’Arras, fut  président de la Noblesse aux Etats Généraux d’Arras en 1789, alors que Robespierre siégeait au Tiers Etat.

A la même période, en 1793, en pleine Terreur de la révolution française, le Baron et la Baronne de Beauffort furent enlevés de leur château du Cauroy et séquestrés à Amiens. C’est sur une pétition de 70 fermiers de la région adressée au Directoire demandant l’élargissement de leur seigneur, que le couple fut libéré.

Les Beauffort et la Belgique

Bien qu’originaire d ‘Arras, la famille Beauffort a toujours eu des liens étroits avec ce qui allait devenir la Belgique. Tout d’abord en raison de la proximité de cette ville avec les Pays Bas du sud, et ensuite des vicissitudes qui ont fait passer cette région sous divers pouvoirs. On trouve d’ailleurs dans l’église du Sablon à Bruxelles une imposante pierre tombale qui marque la sépulture d’un membre d’une branche Beauffort (Barlet) qui aurait vécu à Bruxelles au XVI et XVII siècle.
Il n’est donc pas étonnant qu’au moment de la Révolution Française, et après l’arrestation de Louis XVI, le Marquis de Beauffort, cité ci-dessus, rejoigne en 1804 les terres de son épouse, la Comtesse de Merode, et finisse par s’établir en Belgique.
Son petit fils, Amédée, épousa en 1830 Elisabeth, Comtesse de Roose et de Baisy. Celle-ci, descendant d’une illustre famille Anversoise, apporta à la famille Beauffort les châteaux de Bouchout, Mielmont et autres ( voir site internet).

Amedee de Beauffort

Château de Bouchout

Son fils Albert, sera appelé à céder au Roi Leopold II, la propriété du château de Bouchout dans lequel le souverain souhaitait loger sa sœur, Charlotte, devenue veuve à la suite de l’exécution de son époux Maximilien d’Autriche par les révolutionnaires mexicains.

Entretemps, Léopold Ier avait reconnu en 1863, par lettre patente, les lettres de noblesse de cette famille récemment belge. A la création de la Belgique, les membres de cette branche Beauffort souhaiteront rester définitivement en Belgique, et demanderont au Roi Leopold I la reconnaissance de leurs titres et armoiries. Ce qu’il fit ainsi que pour d’autres familles voulant les encourager à participer à la construction du pays.

Morts au service de leur pays

On ne compte pas le nombre de Beauffort qui sont morts en combattant.

On peut cependant citer :

  • Baudouin II, tué en 1248  à Massourah lors de la VII croisade, et Geoffroy mort en 1270 sous les ordres de Louis IX dans sa seconde croisade.
  • Hugues tué par les flamands à la bataille des Eperons d’or.
  • Antoine, Charles et Adolphe, tués à la bataille d’Azincourt en 1415.
  • Guillaume, tombé avec Charles le Téméraire devant Nancy en 1477.
  • Charles, tué à Gravelines sous les ordres du Comte d’Egmont en 1558.
  • Alphonse, fils d’Emmanuel, chevalier de Malte sous les ordres de Philippe Ernest de Beauffort, son oncle qui fut tué en duel a Madrid en 1802.
  • Louis Marie, fils d’Alfred, Marquis de Beauffort, mort à Paris suite a la guerre de 1870.
  • Antoine (Tony), mort en service commandé en 1964 lors de son service militaire.

Tony de Beauffort

Membres du Clergé

De la même manière, on peut citer quelques uns de membres de cette famille qui ont appartenu au clergé.

  • Gilette (1203), première chanoinesse à l’abbaye d’Etrun-lez-Arras.
  • Constance, dernière abbesse de cette même abbaye qui, en 1789, a résisté aux révolutionnaires qui voulaient la déposséder d’une crosse en en argent.
  • Goswin, évêque de Tournai en 1204.
  • Jehan (1301), Chanoine et Trésorier de la Sainte Croix a Cambrai.
  • Aymery, évêque d’Arras en 1344. Il fut le receveur pour la France des « aydes » collectées pour la délivrance du roi Jean II Le Bon, prisonnier des Anglais ;
  • Paul (1410), Chanoine de la Cathédrale de Saint Lambert à Liege.
  • Louis Antoine (1638) , Supérieur des Jésuites d’Armentières et de Saint Omer.
  • Jean (1618), Chanoine et Vicaire Général du diocèse d’Arras, nommé protonotaire Apostolique par la Cour de Rome.

Beaufort et le vent

Les bulletins météo nous parlent de vents qui soufflent avec une force de 1,2,3,…jusqu’à 12 degrés beaufort.

Saviez-vous que c’est un Irlandais, l’ Amiral Sir Francis Beaufort (1774-1857) qui a élaboré au début du 19e siècle la première échelle décrivant la force des vents depuis le calme en passant par la jolie brise jusqu’à l’ouragan. On l’appelle l’échelle de Beaufort. Il s’agissait de classifier la force du vent en l’absence de tout moyen mécanique, en se basant uniquement sur les phénomènes visibles : hauteur des vagues, allure du drapeau, branches des arbres etc.

Sir Francis était le rejeton d’une famille de huguenots du nom d’un village du centre de la France. Chassés par Louis XIV , ils ont émigré en Hanovre et sont devenus pasteurs protestants. Quand le roi de Hanovre est devenu roi d’Angleterre, ils l’ont suivi pour finir par s’établir en Irlande, toujours pasteurs de père en fils. L’un d’entre eux a mal tourné et s’est engagé dans la Royal Navy où il est devenu spécialiste en hydrographie et nommé au grade de Contre-Amiral. Voir l’article paru à son sujet dans l’Echo 13.

Beaufort Spontin

Bien que d’une autre origine, il s’agit d’une très grande et noble famille de chez nous : il existe encore la ruine d’une tour d’un château de Beaufort dominant la Meuse près de Huy et toujours propriété de la famille. Mais il y a surtout le château de Spontin, celui de Freyr qu’ils ont construit, et d’autres comme Florennes et Beauraing que cette famille possédait avant d’émigrer à la Révolution vers Autriche où ils sont devenus Duc et Prince. Clin d’œil de l’histoire : la fille aînée du Duc actuel a épousé un Prince von Schönburg.

Château de Spontin

Château de Vêves

Liedekerke Beaufort

De mauvaises langues insinuent que les Liedekerke ont voulu relever l’éclat de leur patronyme en y adjoignant celui de Beaufort.
Il n’en est évidement rien. Ce nom provient d’une très ancienne famille, sans aucun lien avec la nôtre, établie dans la région de Celles et remontant au 12e siècle jusqu’ à Wauthier de Beaufort . L’un de ses descendants a été mêlé à la célèbre « guerre de la vache » qui a opposé Liégeois et Namurois au cours du 13e siècle. La dernière de cette lignée, Marie – Robertine a épousé en 1761 Jacques-Ignace de Liedekerke ; leurs héritiers ont relevé le nom Beaufort qui s’éteignait et se sont appelés Liedekerke Beaufort. La famille est encore propriétaire du très ancien et très bien conservé Château de Vêves.
Elle a compté un membre du Sénat, un ambassadeur et un président de la Fédération Internationale de l’Automobile.

Les autres Beaufort

Rien qu’en France on compte une bonne douzaine de lieux du nom de Beaufort dont le seigneur historique a fait son patronyme. Certaines de ces familles sont éteintes et les nouveaux propriétaires des lieux ont adjoint Beaufort à leur nom. Il y en a de célèbres comme les Rogiers, devenus seigneurs de Beaufort- en- Vallée (près d’Angers), et qui ont donné deux Papes à Avignon.

Plus curieux est le titre des Somerset, très ancienne  famille anglaise d’origine royale : ils sont Ducs de Beaufort, du nom d’un village de Picardie dont ils étaient seigneurs aux temps anciens. C’est le seul  duché britannique dont le titre est assis sur une terre qui ne fait pas partie du royaume d’Angleterre.

Aux Pays-Bas existe une famille de Barons de Beaufort , provenant sans doute aussi d’anciens Huguenots émigrés. Elle a donné au 19e siècle un historien connu pour sa mise en doute des origines de Rome. On se rappelle aussi de Carl Godin de Beaufort pilote de course auto (on  ne parlait pas encore de F1) , décédé des suites d’un accident.

Last but not least, François de Bourbon Duc de Beaufort (1616-1669) petit-fils de Henry IV et de Gabrielle d’Estrées marquise de Beaufort. Durant la Fronde il a conspiré avec le Cardinal de Retz, il  est devenu populaire à Paris au point qu’on le surnommait « Roi des Halles ». Il a disparu au siège de Candie – l’actuelle Heraklion- en Crête contre les Turcs.

Wikipedia

On trouve encore à l’onglet Beaufort les noms d’une série de familles, une longue liste de lieux toponymiques dont une île dans l’Antarctique (intéressant en ces temps de réchauffement climatique ?), une marque de bière Camerounaise, un bombardier torpilleur anglais de la seconde guerre mondiale  et, bien sûr, le fromage savoyard.

Il  se dit d’ailleurs que si le corbeau du bon Monsieur de La Fontaine avait tenu un Beaufort dans son bec  il ne l’aurait point lâché à Maître Renard…

Toute cette histoire vaut bien un fromage, sans doute ?

Fromage le Beaufort

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